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Le féminisme ? Encore une lubie de bonne femme…

« Human’s right are women’s rights and women’s rights are human‘s rights. »

– Hillary Clinton, 1995

Qu’est-ce que le féminisme ? Le féminisme se définit ainsi : « La conviction que les hommes et les femmes devraient posséder des droits et chances égaux. Il s’agit de la théorie politique, économique et sociale de l’égalité des sexes ». Le féminisme prône l’égalité réelle entre les hommes et les femmes dans la vie privée et dans la vie publique. Mais attention, « Il y a donc égalité et non point similitude. » comme le précise George Sand, l’homme et la femme restant différents, la femme ne doit pas (et ne veut pas) être traitée comme un homme, mais avoir les mêmes droits qu’elle, ce qui est différent.

Le féminisme c’est lutter pour l’égalité des droits, l’égalité de traitement et d’avancement dans la société actuelle avec le droit aux mêmes chances de carrière que les hommes et celui de gagner le même salaire à compétences égales. Mais le féminisme c’est aussi le fait de lutter pour que les femmes ne soient plus rabaissées, victimisées, qu’elles n’aient plus à subir de réflexions sexistes sur la taille de sa jupe ou leur décolleté. C’est lutter pour qu’elles puissent faire leurs propres choix en fonction de leurs aptitudes (évidemment innées à la vaisselle et au repassage), leurs désirs, leurs envies et non de leur sexe. C’est donc exiger le droit au respect, indépendamment de son sexe.

Il s’agit donc d’une affaire d’EGALITE et non de suprématie féminine, ce que beaucoup de gens ne comprennent malheureusement pas (ou ne veulent pas comprendre). Il y a des mouvements contre le féminisme.

« Le féminisme, c’est le cancer »

– division étudiante du Wildrose à l’Université de Calgary

Un mouvement sur les réseaux sociaux, Women against feminism, révèle un nombre accru de jeunes femmes ne soutenant pas le féminisme. Certaines se lèvent contre un féminisme radical, le critiquent et le dénoncent. D’autres le généralisent en tant que féminisme tout court, et semblent alors simplement très mal informées de ce qu’est le féminisme en réalité. Elles ont une image très caricaturale du féminisme, car elles ne cherchent pas au-delà de ce qu’elles entendent et voient dans les médias, dans leur entourage, leur quotidien dans une société patriarcale qui dénigre cette lutte,  la femme et ses droits et la réduit en stéréotypes car « Une femme qui n’a pas peur des hommes leur fait peur. » (Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe, 1949)

Certaines femmes postent des messages très caricaturaux et complètement à côté de la réalité :

« Je n’ai pas besoin de me laisser pousser les poils pour prouver que je suis l’égale de l’homme. »

« Je n’ai pas besoin du féminisme parce que j’aime que les hommes me regardent quand je suis sexy. »

« Je n’ai pas besoin de quelque chose qui diabolise les hommes. »

« Je n’ai pas besoin du féminisme parce que je respecte tous les êtres humains pas seulement un genre. »

En effet, bien évidemment les féministes sont des femmes aigries, frigides, et violentes dont les paroles et les actions ne peuvent (et surtout ne doivent pas) être discutées sous peine de devenir un ennemi à abattre. Poilues, ne portant pas de maquillage et qui s’habillant comme des sacs, elles ne sont pas du tout sexy et même pire : elles ne sont pas féminines. Et puis, elles détestent les hommes (donc par fait, elles sont toutes lesbiennes bien évidemment elles rêvent de tous les assujettir ou les exterminer ainsi que de dominer le monde accompagnées de leurs 36 chats. On est bien sûr tous d’accord là-dessus.

Ça fait vous fait rire ? Ça vous choque ? Et bien tel est le cliché de la féministe, telle est l’image que beaucoup de personnes, hommes comme femmes, se font des féministes. Mais être féministe ce n’est pas cela, mais alors pas du tout, bien au contraire. Être féministe ce n’est pas être contre le sexy, le make-up, l’épilateur, le rose, les robes ou les soutiens-gorges. Ce n’est pas être contre les femmes dont le rêve est d’être maman et/ou femme au foyer, ni pour les insatiables businesswomen qui rêvent de pouvoir. Et surtout, ce n’est pas être contre les hommes.

Il est vrai que certaines figures du féminisme d’aujourd’hui sont un peu (voir beaucoup) trop extrêmes et qui haineuses et misandres, s’éloignent du principe même du féminisme : l’ÉGALITÉ. Seulement, le féminisme n’est pas les figures emblématiques, ce n’est pas défini par elles, il n’est pas seulement défini par les actes médiatiques chocs. Le féminisme relève du quotidien, c’est une façon de vivre et de penser, de traiter les autres et soi-même. Nous faisons encore face à une généralisation, c’est comme dire que les musulmans sont des terroristes islamiques extrémistes et que les pasteurs sont des pédophiles, ça n’a pas de bon sens.

 « Quand un sexe souffre, l’autre souffre aussi. »

– Margaret Mead

Mais ce que peu de gens comprennent, c’est que les femmes ne sont pas les seules à être touchées par le sexisme misogyne de notre société machiste patriarcale. Les hommes en sont également les victimes. En effet, si une femme se doit être douce, docile, fragile et rester à la maison pour s’occuper des enfants, les hommes quant à eux se doivent d’être fort, leader, travailleur. Ils se mettent eux-mêmes l’énorme poids de la « masculinité », celui du contrôle et de la puissance.

« Si l’homme québécois est si volontiers féministe, ce n’est pas parce qu’il aime les femmes plus que les hommes des autres pays, mais parce que ça l’arrange de ne plus avoir à répondre à une exigence de virilité qui était au-dessus de ses moyens. »

– Jean Larose, Google Goulag

Donc avec un peu de réflexion, les hommes comprendront que le féminisme n’est pas pour les femmes, mais également pour les hommes. En fait, il est pour l’humain tout simplement. Le féminisme se bat pour quelque chose de logique, qui tombe sous le sens mais qui n’est pourtant pas existant : l’égalité.

« Nous devons libérer la moitié de la race humaine, les femmes, afin qu’elles puissent nous aider à libérer l’autre moitié. »

– Emmeline Pankhurst, militante féministe

Pour finir, comme dit un certain homme avisé nommé Jean-Luc Mélenchon « C’est de l’inégalité que vient l’injustice. ». Et nous, féministes, nous luttons, tel Batman, contre l’injustice : celle de l’inégalité des sexes.

Allez juste pour le plaisir, voici quelques interventions plutôt intéressantes sur le féminisme : entre interview, témoignages et discours, faites-vous une petite réflexion sur le sujet. Et puis, si vous ne vous sentez pas féministes (voire contre le féminisme), aller jeter un coup d’oeil à cet article, vous y trouverez peut-être certaines de vos excuses.

PS : Mais attention, comme le dit si bien Simone de Beauvoir : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant.  » D’ailleurs, n’est-ce pas ce qu’il se passe en ces temps de changements politiques, d’incertitudes et de problèmes au niveau social et sociétal ? Il n’y a qu’à jeter un coup d’œil aux États-Unis (ainsi qu’à bien d’autres pays malheureusement) pour voir à quel point, malgré les 70 années d’avance, ces paroles sont intemporelles et à quel point il y a encore pas mal de chemin à faire sur la route instable de l’égalité.

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Mais bon je parle, je parle, mais bon de toute façon, tout cela est-il utile ? Car après tout : ->

On le sait tous, mais bon chut, ça, faut pas le dire aux hommes.

Votre bien-aimée Sissi.

 

 

 

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Les médias et la politique : l’amour avec un grand M

 

Réponse à l’article de Ghost Writer, Reportages Sélectifs 

 

Mensonges, manipulation, les médias et la politique en sont les rois. La sélectivité dans les reportages est un phénomène est en effet présent dans tous les différents médias, que ce soit à la télé ou dans le journal papier, chaque article, reportage, journal télévisé prennent un angle précis d’une situation dans un but tout simplement politique.

Jamais [les attaques terroristes d’autres pays] ne sont aussi médiatisé que celles des pays d’Europe ou de l’Amérique du Nord et, pourtant, elles sont tout aussi (sinon plus) mortelles que celles que l’on voit souvent à la télévision, alors pourquoi ces attaques sont moins couvertes par les nouvelles de nos pays?         – The Ghost Writer

Des événements, comme les attentats terroristes, sont utilisés et appuyés pour manipuler la population, pour lui faire peur, pour la rendre docile et apte à ingurgiter des idées comme celles de Marine Le Pen en France, ou bien Trump aux USA. Je vais ici adopter un point de vue par rapport à la France. Ainsi, si nos chers amis et voisins (l’Angleterre et la Belgique par exemple) sont touchés par des attentats, cela nous touche également mais psychologique de par leur proximité. L’ennemi est donc près de nous, il est « à notre porte » et peut venir nous assaillir à tout moment : voilà ce qui est dit de manière plus ou moins subtile par les médias français. De plus, ces attentats nous touchent également par le fait qu’il y a des Français parmi les victimes. Lorsque des attentats externes à la France sont ultramédiatisés, c’est aussi plus souvent le fait qu’il y ai des victimes françaises qui est médiatisé et appuyé. Par exemple, Londres le 22 mars 2017 : 3 lycéens français, Bruxelles le 22 mars 2016 : 1 Français, Istanbul le 16 janvier 2017: 5 Français touchés, etc. La tension, la peur, l’insécurité monte alors chez la population qui se réfugie et trouve réconfort dans des discours politiques qu’elle n’aurait jamais acceptés auparavant. La peur change la perspective des personnes, elle réveille l’instinct de survie, l’égoïsme et tant pis pour les personnes qui en sont touchées comme les musulmans par exemple. Après tout il faut bien trouver un bouc émissaire, un coupable, ça rassure, ça réconforte donc pourquoi pas s’en prendre aux minorités ? Et aux étrangers ? Après tout, ils ne sont que minoritaires donc ils ont moins de pouvoir, ils sont une cible facile qui ne peut pas se défendre. Et puis, ils sont différents ou ne viennent pas de chez nous, ce n’est pas normal, ça fait peur.

Et c’est comme cela que l’on se retrouve avec des Trump ou des Le Pen au pouvoir, avec des « c’est la faute des Mexicains si on n’a pas d’emploi », « c’est à cause des musulmans qu’il y a un taux de criminalité si haut », « c’est à cause des homosexuels que la société et les familles vont mal », et blablabla.

Que ce soit la télé, la radio ou la presse écrite, les médias sont très politisés, bien plus qu’ils ne le font croire, ils sont un outil utilisé par de plus hautes sphères pour contrôler la population, sans qu’elle ne s’en rende compte. C’est là toute la force des médias, c’est leur fausse transparence, leur apparence de vérité. Après tout, les images ne peuvent pas mentir n’est-ce pas ? Si on le voit, alors on se doit de le croire. Et puis, ils font des enquêtes et ont des informations à la source, donc ça ne peut qu’être fiable. Nous, petits citoyens devant notre journal, ordinateur ou télévision, nous ne sommes pas sur place, nous ne savons pas  donc nous croyons ce qui est diffusé par des médias. Sauf que les médias ont un immense pouvoir, ils peuvent modifier le sens d’une image, d’une parole ou d’un fait comme bon leur semble et pour faire dire ce qu’ils veulent. Comme nous vivons dans une société capitaliste marchant à l’argent, ces médias sont donc souvent possédés par des politiques ou des business man (oh mais attendez, n’est-ce pas la même chose ?). Ils ne sont pas libres et doivent dire ce que ceux qui les dirigent veulent qu’ils disent. Les journalistes sont piégés, restreints, utilisés pour énoncer un discours biaisé basé sur une exagération ou remodélisation d’un fait.

Cette manipulation médiatique est aussi utilisée pour éloigner la population des véritables problèmes de son pays ainsi que des siens. Ainsi, les dettes internationales, les fraudes fiscales, les détournements d’argent, la hausse des impôts, du chômage, la faillite ou la relocalisation d’entreprises, et j’en passe, tout ça passe inaperçu (plus ou moins) par la population qui ne pense plus qu’à sa survie devenue maintenant si incertaine.

Nous, peuple français, guidés par la peur causée par la désinformation, nous nous renfermons sur nous-mêmes, notre pays se renferme sur lui-même. Je parle de la France, mais nous sommes loin d’être le seul pays à le faire.

Nous, ancien pays des droits de l’Homme, celui du social, avec une idyllique devise « liberté, égalité, fraternité », nous rejetons désormais toutes les valeurs pour lesquels beaucoup se sont battus : nous rejetons les immigrants et les réfugiés, nous rejetons la différence, l’Autre, le social ; nous rejetons la liberté d’expression en maîtrisant et sculptant le discours des médias ; après 111 ans de laïcité, nous rejetons la liberté de culte, etc. Tout ça pour quoi ? Pour le pouvoir des puissants, gouvernant et maîtrisant la population par la peur et la désinformation. Elle est belle la République.

Votre bien-aîmée Sissi.

Moonlight, un chef d’oeuvre intense empreint d’un humanisme rare

à la UneMoonlight, un chef d’oeuvre intense empreint d’un humanisme rare

Dans ce billet, je vais parler de Moonlight, ce film primé aux oscars en tant que meilleur film, meilleur scénario adapté et meilleur second rôle, qui a tant fait jazzer, réalisé par Barry Jenkins. Ce dernier est jusqu’alors un réalisateur assez méconnu du milieu, n’ayant réalisé qu’un seul film datant de 2008 : Medicine for Melancholy. C’est donc une entrée fracassante dans le monde du cinéma américain et international. Le scénario de Moonlight provient de la pièce de théâtre In Moonlight Black Boys Look Blue de Tarell McCraney, s’inspirant de la vie de ce dernier.

Moonlight est un film bouleversant sur la recherche et l’acceptation de soi plus globalement sur la construction de soi dans un milieu difficile du Sud Est des Etats-Unis des années 1980. Traitant de l’homophobie, de la peur de l’acceptation sexuelle et de trouble identitaire, c’est le récit de l’évolution d’un homme black et gay sur 20 ans, divisé en 3 parties distinctes : l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte. Sous son air de scénario lambda, ce drame est bien plus que cela.

Ce film est non seulement très bien réalisé avec une image belle, travaillée et lourde de sens. Mais il est aussi excellent au niveau scénaristique, avec des personnages profonds et complexes en évolution constante. Les personnages sont nuancés, pas seulement le personnage principal, mais bien tous les personnages qui l’entourent. Que ce soit des chefs de gangs, des dealers, des enfants, des junkies, des femmes brisées, et bien d’autres, tous sont représentés de manière très humaine, il n’y a pas de bons ou de mauvais, il n’y a que des personnes complexes tentant de survivre et de s’adapter dans leur monde. Le sujet est très bien exploité et profondément traité, tout en restant loin des clichés. C’est un film vrai, un drame urbain puissant, criant de vérité, doté d’une sensibilité rare. Sans froufrou, exagération et mise en scène spectaculaire, il n’est que pure émotion tant au niveau du jeu d’acteurs que dans l’image et le montage, sans parler de cette puissante et lancinante musique orchestrale de Nicholas Britell . La beauté de ce scénario est que l’histoire et l’émotion ne passe pas que par des mots, mais aussi par des silences. Des silences extrêmement bien maitrisés et naturels qui expriment ce que des mots ne pourraient pas. Le fond et la forme ne font qu’un, le propos profond et intelligent étant encore plus mis en valeur par une image maitrisée et symbolique, créant une intimité. C’est un film pesant narrativement comme visuellement, racontant avec froideur et austérité le mal-être d’un jeune garçon devenant homme, mais aussi celui de toute une population rongée par la violence, la drogue et la pauvreté, qui doit se conformer à certaines règles pour survivre dans ce milieu hostile qu’est leur banlieue.

La masculinité est au centre même de ce film. Ce garçon est durant toute sa vie opprimé par les idées de la masculinité régissant son quartier. Cela l’empêche de s’accepter sexuellement et le transforme en un homme qu’il méprise, un sosie du père de substitution qui a brisé sa mère et par conséquent sa vie. C’est un film sur la vie et sur la souffrance qu’elle engendre, sur la lutte contre soi-même, le mal-être de la différence et de la non-acceptation de soi. Il retranscrit l’évolution d’un homme face à des obstacles dont il peine à surmonter, des événements qui le pousseront toujours plus bas, toujours plus loin de lui-même. On assiste à la brisure de ce jeune garçon et à la destruction de l’homme qu’il est devenu. Mais là où le film montre avec brio toute sa puissance et son originalité, est qu’il déjoue le déterminisme social qui est toujours transcrit dans les films traitant des banlieues urbaines. Ce n’est pas le récit d’une lente destruction menant à un événement tragique, sonnant comme une justice dramatique, c’est celui d’une renaissance dans l’amour et le pardon, de l’acceptation du monde et de soi.

Moonlight est donc un portrait intimiste, délicat, mais sombre d’une Amérique souffrant de problèmes d’acceptation et d’identification à travers un homme malheureux et brisé qui se cherche. C’est un film vrai, humaniste et intense, loin des préjugés sur les banlieues et la communauté noire et pauvre. Il est d’une justesse et d’une humanité rare de nos jours dans le cinéma américain.

Malgré le fait que l’histoire prenne place vers les années 1980, elle est pourtant toujours aussi vraie et d’actualité. Il est certainement un des plus beaux films de la dernière décennie, tant au niveau narratif que technique, à voir absolument.

Votre bien-aîmée Sissi.

Le Blue Whale Challenge, un challenge morbide à l’apogée de la manipulation via les réseaux sociaux

à la UneLe Blue Whale Challenge, un challenge morbide à l’apogée de la manipulation via les réseaux sociaux

Depuis quelques années, le développement des réseaux sociaux facilite la formation de communautés de jeunes. Ce partage et cette diffusion à grande échelle peut apporter aux personnes en ayant besoin un soutien, une entraide, un remède contre la solitude. Il y a de nombreux groupes d’aide sur Internet, seulement il y aussi de groupes et des phénomènes bien à l’inverse. Les jeunes ont besoin de reconnaissance, de se sentir comme membre de quelque chose de plus grand qu’eux, et pour cela ils utilisent les réseaux sociaux. Sauf que certains utilisent cette faiblesse, cette fragilité de certaines personnes pour prendre le contrôle ou créer un divertissement.

Grâce aux réseaux sociaux, il y a un puissant engouement face à des tendances aussi absurdes que dangereuses. On voit alors l’apparition de défis à grande échelle prenant de plus en plus d’ampleur. Certaines sont inofensives et utilisées à bon escient comme le Ice Bucket Challenge, d’autres non comme le récent Ice Salt Challenge. Elles sont simplement stupides et sans but autre que celui du divertissement comme le NekNomination ou le A l’Eau ou au Resto. Il y a eu ces dernières années, une généralisation de ces défis, qui atteignent par les réseaux de plus en plus de personnes. Leur point commun ? Le besoin de reconnaissance.

«Ceux qui pratiquent ce “jeu” n’ont aucune idée qu’ils mettent leur corps et leur vie en danger. Ces paris, lancés sur les réseaux sociaux, ne cessent d’augmenter et deviennent de plus en plus violents avec les années. La plupart des jeunes croient qu’ils sont des “poules mouillées” s’ils ne les font pas». – l’anthropologue Yan Bour

Cependant je ne parlerais pas de ce genre de défis là dans ce billet, mais du fameux Blue Whale Challenge. Ce challenge russe qui se déploie en 50 étapes de plus en plus dangereuses, provient du réseau social VKtontakte, un équivalent de Facebook. Son nom provient de la légende comme quoi les baleines seraient capables de se suicider en s’échouant délibérément sur les plages, un nom en disant long sur le challenge. Les réseaux sociaux ont permis à ce challenge de s’étendre à travers le monde et a touché depuis un mois la France mais aussi d’autres pays d’Europe. Les premiers défis sont inofensifs comme dessiner une baleine, ou écrire « #I’m Whale » sur son mur. Puis ils deviennent de plus en plus sordides, inquiétants et dangereux en primant l’automutilation avec des défis de scarification comme se poignarder les mains avec des aiguilles, se couper les lèvres, etc. Les derniers promeuvent le mal-être, la dépression et le suicide comme écouter des chansons et regarder des vidéos dépressives en pleine nuit. Le dernier défi étant d’ailleurs fatal : «Jour 50 : saute du toit ou pends-toi».

La plupart des défis restent encore inconnus, le groupe étant bien trop organisé et strict pour pouvoir être démantelé pour le moment. Ce challenge utilise la fragilité psychique de personnes, souvent jeunes et féminines, pour les pousser au suicide. Plus il y a de suicides, plus il y a d’adeptes, plus le groupe devient puissant. Il est d’ailleurs intouchable car il est bien trop étendu et immatériel. De plus, il y a très peu de preuves directes contre le groupe qui le relit aux suicides, mais de très nombreux suicides à travers la Russie seraient causés par ce challenge, 138 seraient recensés ces 6 derniers. En France, de plus en plus de jeunes seraient également entrés dans le challenge, certains suicides étant déjà été comptabilisés.

Ce défi est en France « largement décentralisé. On assiste à la récupération d’un concept par n’importe qui. Ce n’est plus une base hiérarchisée avec une personne qui a créé le jeu et qui serait mise derrière les verrous, comme en Russie ». – François Rigaud

Les jeunes sont séduits par ce challenge car cela donne un sens à leur vie dans laquelle ils se sentent mal, cela y met du danger, de l’action, mais aussi et surtout, ils font partie d’un groupe dont ils essaient d’être membres à part entière.

« J’ai envie de tester, voir jusqu’où je peux aller » Le dernier défi « A vrai dire je m’en fiche, je ne me sens pas très bien dans ma vie. » Jeune de Vkontakte, 15 ans, contacté anonymement par Rue89

Ce genre de groupe existe depuis longtemps sur Internet et existaient même bien avant les médias socio-numériques, mais ils sont maintenant de plus en plus étendus. Les réseaux sociaux cachent alors une facette bien sombre, celle de la manipulation. L’utilisation des médias socio-numériques est détournée par certaines personnes. Certains brimes ces médias directement, pour ma part je ne pense pas que ce soit à mettre sur le dos des réseaux sociaux car après ils ne sont qu’un média, un outil de diffusion comme bien d’autres, sauf qu’il est moins contrôlable et bien plus puissant. Ils sont utilisés pour véhiculer toute sorte de messages et d’idéologies, bienfaisants comme néfastes.

D’ailleurs les réseaux sociaux permettent aussi de contrer, d’alerter face à ce genre de phénomène dangereux en vogue. Facebook et Instagram ont mis en place des dispositifs de recherches de mots-clés ou de signalisation de publications suicidaires permettant de contacter les personnes concernées et de leur proposer de l’aide. Des personnes se mobilisent contre ce genre de challenge et de groupe à travers les réseaux sociaux comme des Youtubers (des figures emblématiques, écoutées et importantes dans la vie des milléniaux), mais aussi d’autres phénomènes comme le Pink Whale Challenge, ou plus simplement des vidéos, des messages, etc.

Tout ce phénomène de groupe de la mort, qui a de plus en plus de pouvoir chaque jour, est d’ailleurs représenté (et dénoncé) dans le film Nerve, de Henry Joost et Ariel Schulman, sorti en 2016, provenant lui-même d’un roman sorti en 2013. C’est un teen movie ayant donc pour cible les personnes les plus concernées par cet engouement. Ce genre de phénomène est donc de moins en moins tu et de plus en médiatisé. Tout cela semble absurde que des jeunes se laissent véritablement embarquer dedans mais c’est pourtant bien réel, bien plus que ce que l’on pense et il faut en parler pour essayer de stopper ces phénomènes. L’expansion de ce genre de phénomènes et de challenge marque non seulement l’apogée de la manipulation via les réseaux sociaux mais aussi un mal-être de plus en plus puissant et profond chez les jeunes.

Pour en savoir plus sur l’origine de ce challenge morbide, jetez un coup d’œil à ça.

 

Vorte bien-aimée Sissi.

Instagram ou l’illusion d’une perfection inaccessible

à la UneInstagram ou l’illusion d’une perfection inaccessible

Nous vivons dans une société d’image et d’apparence, une société de spectacle où l’illusion est reine. Seulement quand je dis ça, on pense à la manipulation médiatique, au règne de publicité et j’en passe. Cependant cette illusion du réel, cette manipulation peut être bien plus subtile, cachée dans ces génialissimes et nocifs médias socio-numériques.

Facebook, Twitter, Snapchat, Instagram, tous ces réseaux sociaux apparus pendant les 10 dernières années ont maintenant pris une place majeure dans nos vies. Utilisés pour communiquer et partager des moments de vie et des pensées, ils permettent de donner aux gens une représentation de nos vies et de nous-même. Cependant cette représentation est faussée car les discours sont recherchés, les photos travaillées, les publications pensées, etc. Chacun montre aux autres ce qu’ils veulent que les autres voient et pensent d’eux, mais certainement pas qui ils sont vraiment. Les profils sont des représentations non fidèles à la réalité, plus ou moins fortement.

Prenons l’exemple d’Instagram, un des médias socio-numériques plus illusoires qui est également devenu un business pour certains. Les photos postées par les instagrameurs ne sont pas la représentation du réel mais veulent faire croire au réel, un réel magnifié mais complètement biaisé. C’est un monde virtuel où tout le monde (les instagrameurs) a réussi dans la vie est beau, bien habillé et cool. Les gens sont parfaits et heureux dans un monde à leur image, tout aussi où il n’y a pas de problème, ou du moins pas de gros problèmes autres que des anecdotes de la vie courante.

Ces personnes sont enviées, désirées, aimées et détestées car ils sont notre idéal, un idéal dicté par la société que nous ne pouvons pas éteindre car tout n’est qu’illusion. C’est une image illusoire, ce ne sont que des morceaux de vie dont on ne connaît rien, des instants créés et figés spécialement pour nous. Nous vivons par procuration à travers ses moments photographiés qu’en tant que spectateur nous envions tant. Ce monde est faux mais il semble vrai, nous voulons qu’il le soit. Nous voulons croire qu’il est réel car cela nous fait rêver. Cette réalité est bien plus attrayante que notre propre réalité. C’est un spectacle qui rend notre réalité quotidienne individuelle bien plus morne mais nous donne de l’espoir, un but.

Nous basons tous notre vie et nos relations sur la représentation que l’on fait de nous aux autres (ainsi que celle que l’on se fait de nous-même). Les instagrameurs sont eux-mêmes des illusions car ils sont des ombres d’eux-mêmes, des représentations artificielles contrôlées et baisées de leur vie et de leur être.

Ces représentations se font par le biais de photos « super cools » fabriquées de toutes pièces. De la coiffure aux chaussures en passant par la gesture et  la position, tout est mis en scène que ce soit des êtres vivants ou des objets. Il n’y a pas que matériellement que c’est faux, mais aussi au niveau de l’émotion et du message livré par les instagrameurs.

« There is nothing zen about trying trying to look zen, taking a photo of you trying to be zen and proving your zen on instagram »                                                                                                                                – Essena O’Neill (mannequin, instagrameuse)

Instagram a le pouvoir de rendre des scènes ordinaires extraordinaires par le cadrage et la retouche. Les instagrammeurs sont plus que des êtres humains, ils deviennent des mythes, des êtres supérieurs, des modèles de vie qui nous fascinent.

« Social media, especially how I use it, isn’t real. It’s contrived images and edited clips ranked against each other. It’s a system based on social approval, likes, validation, in views, success in followers. It’s perfectly orchestrated self-absorbed judgement. »                                            – Essena O’Neill (mannequin, instagrameuse)

Les mises en scène sont fausses, les relations sont fausses, les couleurs, l’apparence, les expressions, tout est faux et rien n’est laissé au hasard. Il y a d’ailleurs toute une industrie qui s’est formée autour des médias socio-numériques. Les instragrameurs sont payés, habillés, dirigés par des professionnels (plus ou moins). Ils sont sponsorisés pour livrer du rêve et de l’illusion et donner aux gens le besoin de faire de même pour atteindre cet idéal. A travers ces images sont diffusées, de manière plus ou moins discrète, des publicités. C’est du marketing, basé sur le spectacle, le désir et l’illusion.  Il y a même des « online relationship » : de fausses relations de couple dont le but est commercial, le but étant d’acquérir de likes pour gagner plus d’argent.

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C’est une sorte de réalité parallèle inaccessible nous vendant du rêve qui nous éloigne toujours plus de la réalité en nous en donnant une image biaisée que l’on prend pour vrai. C’est une technique de manipulation de monstration. On « montre » qui on est, ce que l’on a, ce que l’on fait, etc. ou du moins ce que l’on veut que les spectateurs voient et croient à notre propos. Certains l’utilisent comme médias de marketing, pour vendre des objets, idées, etc. Nous sommes dans une société gouvernée par l’illusion, l’apparence, l’objet, le statut social. Ce n’est pas la faute des réseaux sociaux, qui à la base n’était pas censés être utilisés de cette manière, c’est bel et bien la société qui a détourné ces médias.

Finissons d’ailleurs sur des paroles viennent nuancer la problématique de réseaux sociaux.

« Social media isn’t a lie, you are the lie. Social Media can be whatever the user desire it to be. »                                                                           – Zack James (Youtuber)

Votre bien-aimée Sissi

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Le spectacle, notre bien-aîmée manipulation industielle

Nous vivons dans une société du spectacle, une démocratie illusoire, biaisée, basée sur une société de l’image, un mensonge spectaculaire au service de la marchandise.  C’est un monde de propagande dans lequel nous vivons, gouverné par ceux ayant le pouvoir.

Cette société est basée sur la production de rêve de par l’image, un archaïsme dissimulé par le spectacle médiatique. Nous sommes manipulés, hypnotisés et immergés dans cette illusion qui nous est offerte par l’image. Ce spectacle n’est pas seulement l’omniprésence des médias, de la communication et du divertissement, c’est un rapport social entre les personnes médiatisé par des images, des apparences. Nous vivons pour une consommation d’un bonheur individuel et factice dans un monde de représentation, d’illusions.

« Le spectacle s’est mélangé à toute la réalité, en l’irradiant » –  Guy Debord 

Ce spectacle livré par l’image au service de l’économie et l’idéologie, nous entoure et nous sépare du monde, de la réalité, de nos propres vies et de nos conditions. Nous sommes des non-vivants d’une société marchande dont notre seul but de paraître et non plus d’être. Socialement, nous paraissons être mais nous ne sommes plus, nous sommes une représentation d’un soi biaisé. Nous sommes immergés dans une fausse réalité, une illusion sociale.

Nous ne vivons plus que pour le rêve donné par le spectacle car nous avons été programmés pour ça et cela rentre dans notre quotidien.  La Boétie disait d’ailleurs que « toutes choses deviennent naturelles à l’homme lorsqu’il s’y habitue. La première raison de la servitude volontaire, c’est l’habitude. » Nous sommes assujetti, dominés par ceux gouvernant ce spectacle qui nous contrôle par l’image.

Ce spectacle est aussi délivré par le culte de la vedette.

« Les gens admirables en qui le système se personnifie sont bien connus pour n’être pas ce qu’ils sont ; ils sont devenus grands hommes en descendant au-dessous de la réalité de la moindre vie individuelle, et chacun le sait ». – Guy Debord

Ce culte de la vedette est très bien problématisé dans le film Privilège de Peter Watkins, sorti en 1967. Accentuant fortement ce pouvoir qu’a le spectacle, ce film traite avec justesse de la manipulation sociologique et de la récupération marketing du spectacle pour des intérêts économiques, politiques, idéologiques ou personnels. C’est une forte satire de notre société remettant levant le voile sur l’illusion de notre monde.

Synopsis : Dans un futur proche, où les partis politiques ont désormais fusionné, Steven Shorter (Paul Jones) est l’ultime star pop britannique. Les foules l’adorent. Durant ses concerts, les femmes se pâment devant le beau jeune homme blond. Dans son spectacle, Steven apparait enfermé dans une prison dressée sur la scène, entourée de policiers qui le harcèlent et finissent par le ruer de coups. Construit autour des thèmes de la violence et la révolte, son spectacle semble répondre à l’état d’esprit des jeunes. Ou est-il une simple catharsis?  Entouré d’une « famille » qui l’exploite comme du bétail, le jeune homme donne sa caution à tout ce qu’on lui demande d’endosser : de la nourriture pour chien à son effigie ou une série de publicités sur les pommes (une campagne d’intérêt national afin de favoriser leur consommation et ainsi écouler un surplus de la production nationale menacée de pourrir sur place). Jusqu’au jour où le gouvernement et l’église s’apprêtent à lancer une croisade pour unifier la nation, et décident qu’après deux ans et demi de rébellion, Steven Shorter doit se repentir et chanter sa croyance en Dieu.

Watkins lève le voile sur la raison d’être du divertissement, qui est une véritable industrie. La forme semi-documentaire de ce film accentue encore la satire, nous plongeant directement de l’autre côté du rideau, dans la production elle-même, dirigée ici par un banquier.

Steven est une superstar, un être érigé en semi-dieu, créée par une industrie pour être admirée, adulée pour manipuler les foules. Son rôle ? Diffuser du « bonheur » dans toute l’Angleterre ainsi que dans le monde entier par des shows. Ce « bonheur » a pour but d’éloigner les jeunes de la politique et les pensées révolutionnaires. C’est une pure manipulation politique qui est mise en scène, mais pas seulement. L’économie rentre également en jeu. Le puissant culte formé autour de Steve est utilisé pour que les gens achètent de par les publicités. Mais son culte est devenu une économie à lui-même avec de nombreux objets dérivés, des lieux construis dans tout le pays à son effigie avec de nombreux produits que les gens achètent. Mais le gouvernement et le business ne sont pas les seuls à utiliser Steve, l’Eglise joint aussi cette industrie de l’illusion pour regagner des partisans.

Ce culte de la vedette est ici mis en exergue mais est totalement réel dans notre société. Steve est un objet de communication à lui-même, un spectacle utilisé par le gouvernement, l’Eglise, le business pour guider, manipuler, endormir la population. Comme le dit son agent dans le film : « he doesn’t belong to himself, he belongs to the world ».

Le motto du prêtre durant le grand rassemblement représente à lui-même une critique de cette société, bien proche de la nôtre : « We will conform ! ». Ce rassemblement politique et religieux est mis en scène comme une réunion du Ku Klux Klan et du nazisme, la société est donc représentée comme une tyrannie totalitaire idéologique, politique et économique. « We will conform » est récité comme un psaume de secte par la foule. Ces simples trois mots résument parfaitement notre situation : nous nous conformons à ce que le spectacle nous livre, nous sommes des sujets de ceux au pouvoir mais pire que tout, nous acceptons d’être leur sujet et ce avec le sourire.

Dans ce film, toutes les instances ayant le pouvoir dans notre société moderne sont touchées par la critique de Watkins. Ce film anglais du Swinging London met en scène les problèmes de la société que les jeunes révolutionnaires de cette époque dénoncent. C’est une satire rejoignant les pensées Guy Debord sur certains aspects de la société du spectacle.

Le plus triste dans tout ça, c’est qu’après 50 ans, tout ceci est toujours autant d’actualité, si ce n’est plus…

 

Votre bien-aimée Sissi

 

La Belle et la Bête : un remake jugé trop « gay »

Une grande controverse agite le monde depuis quelques jours à propos du remake du Disney Classique La Belle et la Bête des studios Walt Disney Pictures. Cette controverse porte sur le fait qu’ils aient mis un personnage gay, Lefou, le fidèle acolyte de Gaston. C’est une première pour Disney de mettre un personnage gay de manière assumée et visible.

Mais la communauté chrétienne américaine appelle à boycotter le film à cause de l’insertion d’un personnage ouvertement gay. Un message du pasteur évangéliste Franklin Graham a été partagé plus de 90 000 fois sur Facebook ! Dans ce message, il dit espérer « que tous les chrétiens diront non à Disney » car le studio « essaie d’imposer le point de vue LGBT dans le cœur et l’esprit de nos enfants. En Alabama, un Etat de la Bible Belt, la « ceinture de la Bible », les propriétaires d’un drive-in ont décidés de ne pas projeter le film. Ils annoncent« Si nous ne pouvons pas aller voir un film avec notre petite-fille de 11 ans et notre petit-fils de 8 ans, alors nous n’avons aucune raison de le regarder. Si je ne peux regarder un film avec Dieu ou Jésus à mes côtés, alors je n’ai aucune raison de le montrer. Nous sommes avant tout chrétiens et nous ne ferons pas de compromis avec ce qu’enseigne la Bible ». Mais le phénomène a largement dépassé les frontières américaines. Un député russe veut faire interdire le film dans son pays pour cause de « propagande gay ». Il n’y a pourtant qu’une seule véritable scène dite « gay » avec une histoire qui n’est même pas centrée sur cette relation dans le film et il est catégorisé comme un film de propagande. Ce n’est pourtant qu’une simple scène d’amour comme il y en a à la pelle dans la très grande majorité de films.

Mais le fait que Lefou soit gay soulève quelques problématiques. Parmi elles, beaucoup de personnes sont mitigées car elles considèrent que Disney a transformé un personnage Disney en personnage gay sans raison valable en dehors de celle de la publicité. Ce serait alors pour montrer qu’ils sont tolérants et pour atteindre le public LGBT. Pour ma part, je pense que c’est une bonne chose d’insérer des personnages LGBT de manière affirmée dans des films pour enfant. Cela permet alors de leur apprendre la tolérance et de montrer le monde tel qu’il est réellement, avec des gay, des lesbiennes, des personnes de couleurs, etc. des humains tout simplement. Sarah Kate Ellis, présidente de Glaad, une association militant pour une meilleure représentation de la communauté LGBT : « C’est incroyablement important pour les jeunes d’aujourd’hui. Ils ont besoin de se voir représentés dans les médias qu’ils consomment. »

Il y a de plus en plus de films mettant en scène des personnages LGBT, il n’y a qu’à voir Moonlight, bienheureux vainqueurs des oscars. Cependant il reste tout de même quelque chose qui tracasse. C’est un bel appel à la tolérance certes, cependant n’est-ce pas un peu poussé ? Je m’explique. Dans le dessin animé de départ, Lefou adule Gaston, il est son modèle, son héros mais cela s’arrête là. Cependant pouvons-nous admirer quelqu’un sans qu’il y ait de sentiments amoureux ? Tel est le doute lancé par le remake selon certains internautes. Je pense que le problème est au-delà de tout ça. Le véritable problème de cette histoire est que cela attire tant l’attention, que le fait que l’insertion d’un personnage gay dans un Disney soit si révolutionnaire. De nos jours, cela ne devrait pas l’être. D’ailleurs comme Audra McDonald le dit si bien, « Disney ne fait rien de révolutionnaire. Les homosexuels ont toujours existé, les couples mixtes ont toujours existé. Tout ce qu’ils font, c’est braquer la lumière sur eux. Finalement, ils représentent le monde tel qu’il est. »

« De plus en plus, si les studios veulent attirer un public jeune, ils vont devoir inclure des histoires et des personnages LGBT. »                        -Sarah Kate Ellis

Nous arrivons au problème du devoir. Dans les films, et tout autre produit audiovisuel, il y a l’émergence du devoir de représenter sous forme de quota des personnages rangés dans des catégories de population. Cela devient alors une obligation d’inclure des personnes de telle couleur de peau, de telle origine, de tel sexe, de tel genre, et j’en passe. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi car cela permet une meilleure équité et colle plus à une vision globale de notre monde. Cependant, cela peut éloigner l’histoire de son but premier ou bien la fausser. Parfois ce n’est pas cohérent ou cela semble bien trop plaqué à cette obligation et non voulu et instinctif par les créateurs du film et le personnage perd de sa crédibilité. De plus, je pense que l’art ne devrait pas être soumis à des obligations, en tant qu’art il se doit d’être libre. Nous revenons alors au problème de notre société médiatique, l’argent et la reconnaissance médiatique passe avant l’art lui-même. L’art n’est plus fait pour être de l’art mais pour être vu, acheté, diffusé à grande échelle. Je parle donc de manière générale et non focalisée sur ce film. Ce n’est qu’un exemple pour marquer un phénomène sociétal. Je pense que c’est une très bonne chose d’insérer des communautés qui sont encore anormalement rejetées par beaucoup trop de personnes. Mais il faut faire attention au pourquoi elles sont représentées. Est-ce principalement pour diffuser un message de tolérance ou est-ce pour une raison purement capitaliste ? Il ne faut pas tomber dans les obligations ou utiliser l’intégration de personnes LGBT dans un autre but que celui de servir l’histoire.

En tout cas, le constat de cette propagande est que nous avons encore bien trop de chemin à parcourir avant d’arriver à une égalité des genres dans  notre société occidentale.

 

Votre bien-aimée Sissi

La bande-annonce : le marketing symbole de notre rapport à l’image

 « Les bandes annonces de films ont toujours suivi une certaine forme de mode, un modèle de montage tendance. Il fut un temps où dans les bandes annonces, les histoires étaient comptées par un narrateur à la voix chaude par dessus des images du films. Aujourd’hui, et surtout depuis la sortie de Inception, on délaisse totalement la voix du narrateur pour un montage avec les moments clés du film et l’utilisation du même procédé: quelques notes de piano sur des plans larges au ralenti, des coupures au noirs à répétitions, des titres écrits, une monté en tension pour aboutir sur une réplique humoristique, pour finir sur un montage ultra dynamique. L’exemple le plus frappant de ce genre de procédé, ce sont les bandes annonces de Pixels et le remake de GhostBuster, certains internautes ont remarqué que lancer simultanément, les vidéos sont quasiment identiques. »                                                                                                                                – John Doe, « L’illusion du choix : des cas concret »

Oui, il y a des bandes-annonce qui se ressemblent énormément de nos jours. Cependant ne peut-on pas en dire autant de celles du vieux cinéma ? Si. Les bandes-annonce sont des publicités de films, des promotions cinématographiques fabriqué par des entreprises spécialisées reliées aux sociétés de production et non aux réalisateurs. Comme tout produit marketing, elles suivent toutes des codes spécifiques à leur époque et s’adaptent à l’évolution de leur société. Il y a toujours eu une sorte de standardisation en fonction des époques : Du star system des années 30 aux expérimentations des années 60, des intrigues linéaires des années 80 au règne de l’image choc des années 2000.

Petit moment d’histoire

Des années 1920 à 1940, les bande-annonces s’appuyaient sur les acteurs avec des plans les mettant à leur avantage, des fondus et des transitions « power point ». Avec une belle musique orchestrale touchant la corde des émotions.

Les années 1960, marquées par l’expérimentation mènent à des bande-annonces très hétérogènes, dont la forme peut difficilement étre comparée (entre Hitchcock, Godard et Kubrick par exemple). Cependant Kubrick est plus proche de la forme actuelle avec son Dr Strangelove avec un enchaînement rapide d’image, un rythme très rapide avec des cuts incessants avec des panneaux de titres, des images marquantes avec des explosions, etc.

C’est à partir des années 1980 qu’apparaît « les histoires étaient comptées par un narrateur à la voix chaude par dessus des images du films ».  Ce narrateur raconte l’histoire plus qu’il ne présente les acteurs contrairement aux années 1940. Le but est d’impressionner le spectateur avec de lourds effets spéciaux par exemple tout en dévoilant une grande partie de l’intrigue. 

Cependant, il y a actuellement une forte standardisation des bandes-annonce (et du cinéma en général) est imposée de nos jours, qui va de pair avec celle de notre société capitaliste, qui passe bien moins inaperçue. Depuis les années 2000, notamment 2010, les bandes-annonce ont dues s’adapter au développement des médias de diffusion de masse comme Internet. Plongées dans un monde de diffusion de masse et de standardisation, les bandes-annonce doivent alors soit donner tout ce qu’elles ont pour impressionner le spectateur plus que les autres, soit se démarquer.

« Nous avons le cul entre deux chaises, entre la pub et le septième art »                                                                    – Sonia Mariaulle (monteuse de bande-annonces)

C’est une véritable guerre à la reconnaissance où le buzz et la visibilité en général sont rois. Sans parler de l’arrivée des teasers, ces «bandes-annonces poupées russes», ces inceptions de promotion sont le summum de l’aspect marketing de cette industrie du pré-lancement cinématographique.

«Les bandes-annonces représentent le principal budget marketing des studios.  L’important pour le studio, c’est de vendre du billet à tout prix, quitte à gâcher la surprise.»                                                                   – Peter Sciretta (fondateur de SlashFilm)

Aujourd’hui l’aspect visuel a pris le pas sur l’aspect narratif. Le but d’une bande-annonce n’est plus de raconter l’histoire de manière fiable, mais de mettre en valeur les images les plus marquantes ou l’atmosphère du film, d’où la disparition de la voix-off. Les aspects du film les plus dérangeants, problématiques au niveau narratologique comme structurel, sont souvent effacés dans la bande-annonce. « Il faut montrer le film sous ses plus beaux atours, comme une femme qui se prépare à sortir pour un premier rendez-vous. »

« Ça m’a surpris, mais je n’y connais rien en marketing, alors il faut bien faire confiance… »                                                                                                                                                                – Jérome Bonnell pour la bande-annonce du Temps de l’aventure (2013)

Cependant, je le répète : la bande-annonce est un produit marketing, et s’il y a des codes respectés, c’est parce que les sociétés de production ont bien vues que tel et tel code marchaient très bien sur le public. C’est la base même du marketing capitalise. Il y a donc une uniformisation due à ses codes qui se retrouvent dans la plupart des bandes-annonce, créant une sorte de « trailer template », comme j’aime l’appeler.

Voici une charmante définition du principal « template »du XXIème siècle, brillament décrite dans la propre bande d’annonce de H2G2 : Le guide du voyageur galactique (Garth Jennings, 2005).

« Elles sont faites pour vous donner une idée du film présenté dans un laps de temps très courts. En générale elles commencent par vous présenter un personnage principal. Très vite ce personnage se trouve confronté à une situation aussi incroyable qu’on n’a pas pu s’empêcher de faire un film à son sujet. […] La bande-annonce est généralement commentée par une voix grave. La voix d’un homme de deux mètres quinze qui fume trois paquets de cigarettes par jour depuis sa plus tendre enfance. L’objectif étant de réaliser une œuvre publicitaire à la fois originale et palpitante. Elle doit être intelligente et provocatrice, autrement dit : montrer tout un tas de choses qui explosent. Entrecoupées d’apparitions de jolies filles en bikini. En général la bande-annonce nous montre aussi des méchants sans foi ni loi, des créatures hideuses, des dauphins, de la violence physique et, bien entendu, la promesse d’un amour véritable. Et pour finir il y a le montage final, souvent rythmé par une musique rock, tout simplement conçu pour vous exploser les quelques neurones qu’il vous reste au fond du bulbe. »

Cependant c’est une définition pour le cinéma Hollywoodien, cela n’englobe pas le cinéma mondial, enfin presque car celui-ci est de plus en plus influencé par le tout-puissant cinéma américain. On peut parler de standardisation pour les films populaires, les films d’auteur étant moins touchés par ce phénomène. C’est aussi beaucoup plus voyant (mais pas forcément plus présent) pour les films avec de l’action, de la comédie et de la romance que pour les autres.

Depuis 2010, on voit une montée en puissance des bande-annonces mais aussi une multiplication pharamineuse. Il y a les bande-annonces dites « Save the date » visant à en mettre plein la vue comme les Marvel et tout autre (ou presque) Blockbusters Hollywoodiens. Mais il y a aussi des bande-annonces plus originales visant à marquer les esprits et à se rendre unique plus une meilleure visibilité. Malheureusement, rares sont celles qui font le buzz et arrivent à faire face aux « template », elles sont souvent étouffées par l’amas d’autres bandes-annonce, ou reste enfermées dans le cercle des cinéphiles. Par exemple celle de Femme fatale (Brian de Palma, 2002) est un accéléré du film entier, celle de Le chignon d’Olga (Jérôme Bonnell, 2002) est composée d’un unique extrait sont deux. Cependant ce genre d’écarts est peu (et de moins en moins) accepté, voire même proscrit selon les productions : « Ce genre de prise de risque est, hélas, désormais proscritLes distributeurs, angoissés, nous poussent à tout uniformiser. » (Sonia Mariaulle).

Face à l’écrasante domination du marketing et la forte concurrence, la standardisation est malheureusement de plus en plus importante dans le domaine cinématographique occidental.

 

Votre bien-aimée Sissi.

 

PS : Vous voulez écouter de « bonnes » bandes-annonces qui s’éloignent de la tendance ? Ou bien celles de classiques du cinéma ? Les commenter ou tout simplement en apprendre plus sur elles et les films que promovent ? C’est ici que ça se passe. 

 

 

 

La décapitation des femmes, un phénomène communicationnel (sexiste) très prisé du cinéma

La décapitation des femmes, un phénomène communicationnel (sexiste) très prisé du cinéma

L’industrie du cinéma est souvent dénoncée pour son sexisme, régnant en maître à Hollywood : l’écart de salaires, l’attribution des rôles, la nudité (une actrice a 26 % de chances d’apparaître dénudée à l’écran, contre 5% pour un homme), la disproportion des présences hommes/femmes à l’écran (28% des personnages parlant à l’écran étaient des femmes en 2013, ou les résultats effarants du test de Bechdel : sur 4 000 films étudiés,  40 % se voyaient recalés à l’examen en 2014) ainsi que dans la production (sur les 250 plus gros succès au box office de l’année 2014, seuls 7% des films étaient réalisés par des femmes) et j’en passe. De plus en plus d’actrices dénoncent le sexisme dont elles sont victimes, faisant polémique à chaque grande assemblée cinématographique. Patricia Arquette, Gwyneth Paltrow, Jennifer Laurence, Natalie Portman, Meryl Streep, Emma Watson et de nombreuses autres actrices brisent le silence sur les inégalités sexistes du cinéma.

Ici, c’est Marcia Belsky, une comédienne américaine, qui lève la voix en enfonçant encore un peu plus le clou en levant le voile sur le sexisme apparaissant dès la promotion des films (et séries). A travers son Tumblr « The Headless Women of Hollywood », elle recense un nombre important d’affiches de films dans lesquelles le visage des femmes n’apparaît pas, seulement leur corps (à la plastique irréprochable, bien évidemment) et ce qu’importe l’importance de leur rôle (si elles ont un rôle, ce qui n’est pas toujours le cas).

L’industrie du cinéma creuse toujours plus profondément le sillon du sexisme avec un nombre non-négligeable d’affiches de films (notamment Hollywoodiens) mettant en avant des femmes sans leur tête, tout genre filmique confondu.

Cette campagne promotionnelle passait plus ou moins inaperçue avant qu’elle ne la mette en avant. Ce type de plan de communication est utilisé depuis très longtemps par les publicitaires. Cette pratique de la fragmentation, fétichisant et déshumanisant la femme, est devenu standardisé et nous en sommes inondé chaque jour tout autour de nous, sans ne plus y prêter attention. Cela est rentré dans les habitudes sans plus nous choquer, bien au contraire.

«Ces images avec lesquelles, on nous bombarde tous les jours ne cessent de nous dire que les pensées et sentiments des femmes n’existent pas ou ne sont d’aucun intérêt.” Ces affiches donnent l’impression que les femmes n’existent que pour le plaisir des hommes, qu’elles ne sont que des objets visant à être regardés.»

Cet art de la fragmentation mythifie les actrices, mais derrière cette sublimation se cache un profonde et bien trop habituelle objectivisation de la femme. Les actrices sont réduites à un corps sensuel et érotique, car la femme fait vendre, ou plutôt son corps fait vendre, et cela depuis fort longtemps.

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De longues jambes effilées, des lèvres charnues, des fesses bombées dans des bas très moulants (ou non existants), des décolletés plongeants en gros plans : les affiches découpent souvent le corps des actrices pour en isoler leurs attributs sexuels sans montrer leur visage. Marcia dénonce dans son Tumblr que « La fragmentation de corps des femmes, avec un focus qui se concentre sur les seins, les fesses et les lèvres, sépare les parties hypersexuées du corps féminin de son intégrité ».

Outre la problématisation de la mythification d’un fantasque idéal physique inaccessible, ces fragments ne font pas que déshumaniser la femme, ils l’objectivisent en la livrant n morceaux au regard masculin, souvent présentés à l’intérieur même de ces affiches par des hommes, qui quant à eux ont bel et bien un visage.

«En décapitant la femme, elle devient un objet incontestablement passif soumis au regard fixe masculin. La question de son consentement est effacée complètement avec sa tête et son intérêt se résume à celui d’être regardé par des hommes, docilement. Sa valeur est uniquement son attrait sexuel et non son statut de personne. Sa valeur est principalement dans son sex-appeal auprès des hommes et pas du tout dans sa personnalité» annonce la comédienne.

Cet impressionnant catalogue d’affiches postées régulièrement cherche à nous ouvrir les yeux sur le sexisme envers les femmes présent tout autour de nous. Certes, vous vous dites que le sexisme est aussi présent envers les hommes, que toutes les affiches ne sont pas comme cela, que je fais une généralité de quelque chose de rare car vous ne l’avez pas remarqué. Certes, tous les films ne font pas ce genre d’affiche, ou bien ils ont des variantes. Cependant ce genre d’affiche existe bel et bien et ce pour les femmes uniquement (ou presque) et le simple fait de leur existence est un problème en soi.

J’espère que maintenant vous y prêterez attention et que vous verrez que cela est présent, sans que vous ne l’ayez remarqué avant, dans la publicité en général. J’espère que vous réfléchirez au véritable sens et à l’impact de ces images qui nous entourent quotidiennement et que vous serez (un peu moins) un mouton de panurge de notre société de consommation.

Je vous invite à aller jeter un coup d’œil à cette perle de Tumblr et de juger par vous-même: http://headlesswomenofhollywood.com/

Allez aussi checker son About afin d’en savoir plus sur THE HEADLESS WOMEN PROJECT (dont les citations ci-dessus proviennent).

Votre bien-aimée Sissi 

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PS : « DAMNIT, HOLLYWOOD!!! WE WANT HEADS!!!!!!!!!!!!!!!!! »